maquettes en papier d'avions français
Breguet 280T F-AIXY "Rapid Azur" d'Air Union en 1936 (Shigeo Koike)
Quand on aime...
Indépendamment de son histoire, la modélisation de cet avion, en papier, à fortiori à une aussi petite échelle que le 1:100, est particulièrement intéressante. Elle regroupe un certain nombre de difficultés qu'il conviendra de surmonter au mieux.
Jugez en plutôt: biplan avec une aile présentant dièdre et flèche, aile supérieure partiellement encastrée dans le fuselage, fuselage aux flancs cintrés, bombé dessus et dessous, vitrage à raccorder sur un capot moteur à la forme évolutive...
Il ne manque que des carénages de roues, un moteur en étoile apparent et des raccords karman pour que le plaisir soit total!
Mon but est toujours de proposer une maquette directement montable même si son assemblage présente quelques difficultés, sans être obligé de se lancer dans des opérations de "charcutage" pour palier aux erreurs liées à une conception quelque peu hâtive.
Un peu d'histoire.
Le Breguet 28 reprend la formule sesquiplan qui a assuré le succès du Breguet XIX. Cette limousine commerciale fut d'ailleurs présentée au salon de 1928 à coté de son glorieux ainé : le Breguet XIX "Nungesser et Coli".
Le Breguet 280 avait été étudié pour transporter 8 voyageurs dans les meilleures conditions de confort et de rapidité. En effet, si la voilure et l'atterrisseur du 280 étaient identiques à ceux des Breguet "grand raid", le fuselage avait fait l'objet de soins tout particuliers pour obtenir une habitabilité que l'on ne rencontrait habituellement pas sur des appareils de cette puissance.
Aucune saillie à l'intérieur de la cabine susceptible de gêner les passagers dans leurs déplacements, et présence de fenêtres de bonnes dimensions, dotées de glaces coulissantes descendantes. L'appareil était doté de deux vastes soutes destinées aux bagages et marchandises diverses ainsi qu'un coffret mobile permettant le largage de courrier sans se poser!
La disposition des câbles de commande des gouvernes à l'extérieur du fuselage était donnée comme un élément de sécurité notoire en facilitant leur surveillance et leur entretien (d'après "Les Ailes" Juillet 1928).
Le Breguet 280 construit en 8 exemplaires est doté du Renault 12Jb de 500cv à réducteur. Huit autres exemplaires furent équipés d'un Hispano 12Lbr de 600cv et furent désignés Breguet 284.
Pour l'anecdote, le transport aérien impressionne le populaire, au point que Bécassine elle même emprunta la limousine Breguet!
Documentation.
- LES AVIONS BREGUET Vol 1 "L'ERE DES BIPLANS" par Henry LACAZE
- LE FANA DE L'AVIATION N° 123 et 124 "LES LIMOUSINES BREGUET 1926-1936" par Robert ESPEROU
- ICARE N°103 et 104
- Le site de la BNF: GALLICA pour accès à la presse aéronautique de l'époque et INTERNET.
A noter que "JFR Team Neufgrange" propose le 280T, avec cette livrée, en résine au 1/72.
Vous pouvez aussi découvrir une animation 3D d'avions (dont des Breguet 280T) ayant fréquenté le terrain de Croydon dans les années 30
https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=MKFSeyCopnA
Choix du modèle.
A l'origine, cette limousine Breguet (n°de série:2) sortie en 1929, était équipée d'un moteur Lorraine 12Eb (Breguet 281) et était entièrement blanche. Elle fut convertie en Breguet 280T (moteur Renault 12Ja) en 1931 et assurait la liaison Paris, Lyon, Marseille sous la livrée "Rapid Azur" d'Air Union dont l'insigne était peint sur la dérive.
La maquette: conception.
Ci contre, le plan paru dans "Le Fana de l'aviation" n° 124 (mars 1980) qui a servi de base pour le dessin du modèle. J'ai pour habitude de dessiner à partir d'un plan mis à l'échelle finale. Ceci permet d'avoir immédiatement une idée du futur encombrement de la maquette. Ici, point n'est besoin de jouer de la photocopieuse pour une telle opération, puisque le plan proposé est déjà au 1:100.
Le plan est remarquable de finesse et de précision comme savaient le proposer les revues de cette époque. Rien à voir avec ce qui nous est proposé aujourd'hui. Il est vrai que la réalisation d'un plan soigné prend un certain temps, d'où un certain coût pour la revue.
Le nez du Renault (un des dessins en bas à gauche du plan) se substituera au Lorraine et les immatriculations seront modifiées.
La principale difficulté (et non des moindres) réside dans la restitution de l'arrondi des dos et dessous du fuselage ainsi que du galbe longitudinal de ses flancs. Certes, on peut se contenter de surfaces plates, et les maquettistes peu exigeants adeptes d'une production "de masse", s'en contenteront.
Pour ma part, j'ai toujours privilégié la qualité à la quantité, et je reste fidèle a la règle que je me suis fixée, à savoir un maximum de réalisme pour une distance d'observation adaptée à cette échelle en fonction de la taille du modèle. Trente à cinquante centimètres me semble raisonnable . Ceci est généralement (et intuitivement) le cas. Un examen plus rapproché ne présente aucun intérêt, sauf à mettre en évidence, pour les plus sceptiques (et ils sont nombreux), qu'il s'agit bien de papier!
Bien que je ne soit pas un adepte de l'assemblage par languettes qui créent des surépaisseurs à la jonction des différents éléments, l'assemblage avec une telle méthode se trouve grandement simplifié. Reste à trouver le papier pour l'impression du modèle qui associe un bon rendu à une faible épaisseur. (Spectrajet matt duo print 130g dans mon cas).
Le dessin
A mon habitude, le plan 3 vues est repris dans un logiciel de dessin 2D (Autocad en ce qui me concerne). Il sert de base à la conception du modèle.
Pour faciliter le dessin de certains volumes sans passer par de fastidieuses séances de géométrie descriptive, (tronçons du fuselage ou capot moteur par exemple), j'utilise le logiciel 3D Métasequoia. Une fois les éléments dépliés avec le logiciel dédié Pepakura, ils sont repris dans le logiciel 2D et intégrés au dessin en cours.
C'est une alternative à l'utilisation de tableurs. Cette dernière méthode consiste à décomposer le sujet en volumes géométriquement simples dont on connait les formules. Il est aisé de définir ainsi quelques points clés qui seront reliés par un tracé définissant ainsi le contour du volume mis à plat.
Cette méthode est moins précise qu'un passage par la 3D, mais est suffisante, voir plus rapide (?) concernant les modèles à l'échelle du 1:100. Elle a toutefois ses limites par exemple s'il s'agit de définir l'intersection de deux volumes autrement que par approximation (empreinte d'un profil d'aile dans un fuselage ovoïde par exemple). La rapidité au détriment de la précision. C'est un choix.
Structure ou pas structure?
Il y a plusieurs écoles en la matière, la plus minimaliste faisant abstraction de toute forme de renforts. Une maquette n'est pas un jouet. Elle doit, malgré tout, rester manipulable (avec un minimum de précautions!). Quelques renforts, judicieusement placés, le permettront. Ils sont proposés, accompagnés de quelques suggestions d'amélioration, sur une planche complémentaire.
Version bêta
Si, d'un modèle à l'autre, les principes liés à la conception sont les mêmes, des adaptations et des choix entre plusieurs solutions sont parfois nécessaires.
Seule une version bêta du modèle (sorte de brouillon vierge de toute couleur) permettra de valider les solutions imaginées et retenues et de corriger quelques erreurs de dessin (continuité dans le tracé des lignes de structure d'un élément à l'autre par exemple). Ce préalable assurera un assemblage de la maquette définitive en toute sérénité.
Mise en couleur
Elle est effectuée à l'aide d'un logiciel de retouches photos. La maitrise d'un tel outil fera toute la différence entre deux modèles de conceptions identiques.
Un modèle en papier ne peut être constitué que par la juxtaposition de volumes simples. Un usage du "trompe l’œil" permettra de donner l'illusion de volume là où il n'y en a pas.
A propos de la couleur du F-AIXY
Ce sujet a fait l'objet d'un débat passionné sur le forum "Master 194" concernant la maquette de Gilles Mazon, adepte d'avions originaux en scratch intégral https://master194.com/forum/viewtopic.php?t=115136
Après avoir étudié à mon tour les photos disponibles et les avis donnés par les uns et les autres, j'ai finalement opté pour les couleurs suivantes:
- Ailes (haute et basse) et profondeur extrados bleu et intrados en blanc.
- Mâts en bleu.
- Dessus et dessous de fuselage, jambes de train en blanc.
- Fuselage blanc avec parements bleus sur la moitié basse du fuselage. La forme bleu du fuselage est soulignée d'un filet bleu sombre. Pourtour des vitres de teinte bois foncé.
- Dérive et gouvernail de direction: bandes bleu et blanches.
- Capot couleur gris alu jusqu'à l'aplomb du pare brise.
La maquette.
Présentation
Cette maquette est destinée à des modélistes papier un minimum expérimentés. La planche principale est à même de satisfaire aussi bien les inconditionnels d'un assemblage sans structure que ceux qui dotent leurs maquettes d'un minimum de renforts. Ce que je conseille.
Les quelques éléments que j'ai jugé utiles d’intégrer au modèle sont regroupés sur une planche annexe optionnelle ainsi que des suggestions pour en améliorer la présentation.
Assemblage
Quelques photos relatives au montage du fuselage, tel que proposé au travers de la planche optionnelle (et quelques particularités de mon mode opératoire...) . Les autres éléments s'assemblent suivant une méthode que l'on retrouve sur tous mes modèles à cette échelle.
Pour que le fuselage conserve sa forme particulière (arrondis dessus et dessous, et flancs plats), un couple est collé à l'extrémité d'un cure dent.
L'ensemble est ensuite glissé et collé en butée dans le fuselage. Une fois la colle sèche, une torsion appliquée au cure dent libérera ce dernier.
Les renforts latéraux (g) assurent, entre autres, une bonne assise de l'aile sur le fuselage au prix d'un minimum de soin pour les mettre en place.
L’arête supérieure de la cloison (d) est biseautée dans sa partie supérieure pour épouser l'arrondi du bord d'attaque de l'aile. Sa largeur sera vraisemblablement à ajuster en fonction de l'épaisseur du papier et des cartons de renforts si ceux ci diffèrent de ceux suggérés.
Téléchargement des planches
Les maquettistes adeptes de cette échelle du 1:100 ont chacun leur mode opératoire concernant le montage.
Les éléments de base sont repris sur les planches ci-contre (format A4, pdf, 5Mo environ) téléchargeables ICI.
Une planche optionnelle, format A4, pdf) est proposée ICI.
Elle à trait à ma méthode, illustrée en partie par les photos ci-dessus.
Comme tout mode opératoire, elle présente des avantages et des inconvénients, mais vous devriez arriver, à minima, au même résultat...Voir faire mieux!
Jusqu'où ne pas aller trop loin.
- La profondeur est en deux parties. Lui donner un léger braquage (vers le bas) contribuera à donner un peu de vie au modèle. Bien que non prévue, il est possible d'en faire autant pour la dérive.
- Reproduire réellement le cheminement des câbles de commande à l'extérieur du fuselage représente un "sacré challenge" que je n'ai pas osé relever. Par contre les câbles d'antennes et de commandes d'ailerons sont en fil de laiton 2/10 (redressé à la flamme puis suivi d'un bain de tourmaline). Rubrique "Ça peut aider" http://www.criquetaero.fr/ca-peut-aider-c29668846/2
Photoscope
Le Breguet 280 ne manque pas d'allure et est bien représentatif de l'aviation commerciale française de son époque.